Itamar Assumpção, un géni oublié
Jeudi, juin 29th, 2006Itamar Assumpção, dont on commemore ce mois-ci la troisième année de sa disparution, est un mélange de Zappa, de Gainsbourg et de LKJ. Musicien maudit, incompris,oublié et avant tout un musicien et poète de génie.
Comme l’avait écrit un journaliste brésilien au moment de sa mort à 53 ans, peu d’hommes de la musique populaire Brésilienne ont eu autant le visage de São Paulo comme lui. Effectivement, Itamar était le São Paulo dans son visage le plus interlope, sauvage, cru et créatif. Comme cette mégalopole, il avait une perception à la fois rigoureuse et cruel d’elle même. Et cela transparaît dans son Å“uvre très prolifique, une Å“uvre hautement symboliste et poétique.
Francisco José Itamar de Assumpção est né à Tieté, intérieur de São Paulo, le 13 septembre 1946.
Comme Tom Zé, nordestin de Sao Paulo, Itamar Assumpção a vécu à la marge des médias, se refusant même à enregistrer sa musique et à entrer dans ce qu’il appelait « le système ». Il s’agit surtout du « jabà », corruption des radios par l’industrie du disque.
Noir, il a fini un jour en prison à 23 ans, alors qu’il attendait simplement un bus à la garre routière de Londrina, avec sa valise et un tourne-disque. Il y passera cinq jours dans une petite cellule avec 15 autres prisonniers, tous accroupi parce que n’y avait pas de se l’espace pour coucher. C’est événement a sûrement marqué sa carrière, car son premier groupe s’appelait « Isca da Policia » (appât de flic).
Génie de l’experimentalismo, il a essayé un synthèse des sons du rock avec la samba et le funk,tout en créant un langage urbain, appuyé par son expérience comme « ogã »(protecteur dans le rite du candomblé) dans le fief de Candomblé de son père.
Peu connu en France jusqu’à sa mort, l’œuvre d’Itamar Assumpção mérite pourtant d’être connu.Il rêvait d’un mariage avec la POP, un tétragramme qui résumait ce mélange du funk, de samba, de rock, ouvert à toutes les folies musicales et poétiques.
J’ai découvert sa musique avec l’album « Sampa Midnight »(1986), puis « Preto Bras »(1998), deux albums qui depuis font partie de mon univers sonore. En les écoutant, j’ai à chaque l’impression de regarder un film. Celle de la vie d’un géni créateur et avant-gardiste que le Brésil a longtemps oublié.
Voir aussi l’excellent portrait de lui, dressé par Patricia Palumbo dans son documentaire « Vozes do Brasil », paru en 2005, sous titré en Français.
http://www.curtagora.com/filme.asp?Codigo=5662&Ficha=Completa
Mes choix discographiques sur cet artistes:
Isso vai dar repercussão, 2004
Pretobrà s, 1998
As proprias custas S/A, 1981
Sampa Midnight,1988
Beleleu, léleu, eu,1980